Un jardin verdoyant sans l’obligation de sortir la tondeuse chaque week-end représente le rêve de nombreux propriétaires. Les plantes couvre-sol constituent une solution ingénieuse pour réduire considérablement le temps d’entretien tout en créant un espace esthétique. Ces végétaux tapissants s’étendent horizontalement, étouffent naturellement les mauvaises herbes et remplacent avantageusement le gazon traditionnel. Dans cet exposé, nous examinerons quatre espèces particulièrement adaptées pour transformer votre jardin en un espace à la fois attrayant et pratique, nécessitant un minimum d’intervention de votre part.
Les avantages incontestables des plantes couvre-sol
Opter pour des plantes couvre-sol représente bien plus qu’une simple alternative au gazon classique. Cette approche s’inscrit dans une démarche de jardinage raisonné qui offre de multiples bénéfices tant pour le jardinier que pour l’environnement.
Le premier avantage majeur réside dans la réduction drastique du temps consacré à l’entretien. Contrairement aux pelouses traditionnelles qui nécessitent des tontes régulières, les couvre-sols demandent peu ou pas de taille. Une fois installées, ces plantes forment un tapis végétal dense qui limite naturellement la croissance des adventices indésirables. Cette caractéristique permet d’éliminer ou de réduire considérablement l’utilisation d’herbicides chimiques, contribuant ainsi à préserver la biodiversité de votre jardin.
Sur le plan écologique, les bénéfices sont nombreux. Les plantes tapissantes favorisent la conservation de l’humidité du sol, limitant les besoins en arrosage, un atout non négligeable dans un contexte de changement climatique et de périodes de sécheresse plus fréquentes. Leur système racinaire généralement bien développé contribue à lutter contre l’érosion des sols, particulièrement précieux dans les zones en pente.
D’un point de vue esthétique, ces végétaux offrent une diversité remarquable. Contrairement à l’uniformité d’une pelouse, les couvre-sols se déclinent en une multitude de textures, de couleurs et de hauteurs. Certaines espèces produisent des floraisons spectaculaires, d’autres arborent des feuillages persistants aux teintes variées, permettant de créer des compositions paysagères originales et évolutives au fil des saisons.
- Réduction significative du temps d’entretien
- Diminution des besoins en eau
- Lutte naturelle contre les mauvaises herbes
- Protection contre l’érosion des sols
- Création d’habitats favorables à la petite faune
Un autre aspect souvent méconnu concerne l’impact positif sur la biodiversité. Les plantes couvre-sol créent des micro-habitats propices à l’installation d’insectes auxiliaires, de pollinisateurs et de petits animaux bénéfiques pour l’équilibre du jardin. Cette dimension écosystémique transforme votre espace vert en un véritable réservoir de biodiversité.
Enfin, la dimension économique mérite d’être soulignée. Si l’investissement initial peut parfois sembler plus élevé qu’un simple semis de gazon, les économies réalisées à long terme sont substantielles : moins de carburant pour la tondeuse, réduction de la consommation d’eau, diminution des intrants (engrais, pesticides) et gain de temps considérable.
Le Sedum : robustesse et floraison pour les zones sèches
Parmi les champions des plantes couvre-sol, le Sedum (ou orpin) occupe une place de choix, particulièrement pour les jardins exposés au soleil et soumis à des conditions de sécheresse. Cette plante succulente de la famille des Crassulacées se distingue par sa capacité exceptionnelle à stocker l’eau dans ses tissus, lui conférant une résistance remarquable aux périodes sans précipitations.
Variétés adaptées aux différents espaces
Le genre Sedum comprend plus de 400 espèces, offrant un choix considérable pour tous les types d’aménagements. Pour les zones très étendues, le Sedum acre (poivre des murailles) forme un tapis dense de seulement 5 à 10 cm de hauteur, parsemé de petites fleurs jaunes éclatantes en début d’été. Le Sedum album (orpin blanc) présente un feuillage qui peut prendre des teintes rougeâtres en automne, apportant un intérêt chromatique supplémentaire au jardin.
Pour les espaces nécessitant un couvre-sol légèrement plus haut, le Sedum spurium atteint environ 15 cm et offre une floraison rose à rouge selon les cultivars. Le Sedum reflexum (orpin des rochers) se caractérise par son feuillage bleuté très décoratif qui contraste magnifiquement avec les autres plantations.
Les sedums peuvent être utilisés dans diverses situations : entre les dalles d’une terrasse, sur un talus difficile d’accès, dans les rocailles ou même sur les toitures végétalisées. Leur polyvalence en fait des alliés précieux pour tous les types de jardins.
Plantation et entretien minimal
L’installation des sedums ne présente pas de difficulté particulière. Ces plantes s’épanouissent dans des sols bien drainés, même pauvres. Un excès d’humidité, surtout en hiver, constitue leur principal ennemi et peut provoquer des pourritures. La plantation s’effectue idéalement au printemps ou en début d’automne, en respectant un espacement de 20 à 30 cm selon les espèces, pour permettre un recouvrement optimal en 1 à 2 ans.
L’entretien se résume à presque rien : pas d’arrosage une fois les plants établis (sauf sécheresse exceptionnelle), aucune fertilisation nécessaire (qui favoriserait un développement trop luxuriant au détriment de la rusticité), et un simple nettoyage des fleurs fanées si désiré. Certaines variétés peuvent bénéficier d’une légère taille après floraison pour maintenir leur aspect compact.
Un des grands avantages des sedums réside dans leur facilité de multiplication. Une simple bouture de tige posée sur un sol légèrement humide s’enracinera rapidement, permettant de coloniser de nouvelles zones à moindre coût.
Le Thymus serpyllum : parfum et résistance au piétinement
Le thym serpolet (Thymus serpyllum) représente une option exceptionnelle pour ceux qui recherchent un couvre-sol aromatique capable de supporter un piétinement modéré. Cette plante vivace de la famille des Lamiacées, cousine du thym culinaire, forme un tapis dense et persistant qui ne dépasse généralement pas 10 cm de hauteur.
Originaire des régions méditerranéennes et montagneuses d’Europe, le serpolet s’est parfaitement adapté à des conditions variées, démontrant une rusticité impressionnante (jusqu’à -25°C pour certaines variétés). Son feuillage fin, d’un vert profond à grisâtre selon les cultivars, dégage un parfum envoûtant lorsqu’on le froisse ou qu’on marche dessus, ajoutant une dimension sensorielle unique à votre jardin.
Un spectacle floral et une valeur écologique
La floraison du thym serpolet constitue l’un de ses principaux attraits. De juin à septembre, la plante se couvre de minuscules fleurs rose-pourpre (parfois blanches selon les variétés) qui attirent une multitude de pollinisateurs. Les abeilles, papillons et autres insectes bénéfiques raffolent de ce nectar abondant, transformant votre espace en un véritable sanctuaire pour la biodiversité.
Cette valeur mellifère exceptionnelle fait du serpolet un choix privilégié pour les jardins naturels et les aménagements favorisant la faune auxiliaire. En plus de son intérêt pour les pollinisateurs, cette plante possède des propriétés répulsives contre certains insectes nuisibles, contribuant ainsi à l’équilibre global de votre jardin.
Le Thymus serpyllum se décline en plusieurs cultivars aux caractéristiques légèrement différentes : ‘Coccineus’ offre une floraison rouge vif particulièrement spectaculaire, ‘Albus’ se distingue par ses fleurs blanches, tandis que ‘Aureus’ présente un feuillage panaché de jaune très décoratif.
Utilisations multiples au jardin
La polyvalence du serpolet en fait une plante adaptée à de nombreuses situations. Il s’intègre parfaitement :
- Entre les dalles d’une allée peu fréquentée
- Dans les interstices d’un escalier de jardin
- Au pied des rosiers (association bénéfique)
- Dans les rocailles ensoleillées
- Comme alternative au gazon pour les petites surfaces
Pour une installation réussie, privilégiez un sol bien drainé, même pauvre ou caillouteux. Le thym serpolet redoute l’excès d’humidité, particulièrement en hiver. Une exposition ensoleillée favorisera une floraison abondante et un développement compact. La plantation s’effectue au printemps ou en automne, en espaçant les plants de 20 à 25 cm pour obtenir une couverture dense en 1 à 2 ans.
L’entretien se limite à une taille légère après la floraison pour maintenir un aspect soigné et stimuler un nouveau feuillage. Cette plante ne nécessite ni arrosage (sauf lors de l’implantation) ni fertilisation, ce qui en fait un candidat idéal pour un jardin sans contrainte.
Bonus non négligeable : le serpolet possède des propriétés médicinales reconnues (antiseptiques et expectorantes) et peut être utilisé en cuisine comme son cousin le thym commun, quoique avec une saveur plus subtile.
La Vinca minor : l’ombre-amie à floraison printanière
Tandis que de nombreuses plantes couvre-sol s’épanouissent en plein soleil, la petite pervenche (Vinca minor) se distingue par sa capacité exceptionnelle à prospérer dans les zones ombragées ou semi-ombragées du jardin. Cette qualité en fait une alliée précieuse pour végétaliser les espaces sous les arbres ou le long des façades nord, là où le gazon peine habituellement à s’installer.
Appartenant à la famille des Apocynacées, cette vivace semi-ligneuse forme un tapis dense grâce à ses tiges rampantes qui s’enracinent au contact du sol. Son feuillage persistant, d’un vert foncé brillant, maintient sa beauté tout au long de l’année, apportant une touche de verdure même au cœur de l’hiver. Les feuilles ovales, coriaces et luisantes créent une texture élégante qui contraste harmonieusement avec d’autres plantations.
Une floraison délicate et prolongée
L’un des atouts majeurs de la Vinca minor réside dans sa floraison généreuse qui débute dès mars-avril et peut se prolonger, de façon plus sporadique, jusqu’en automne. Ses fleurs solitaires, en forme d’hélice à cinq pétales, arborent traditionnellement une teinte bleu-violet caractéristique, bien que des cultivars aux fleurs blanches (‘Alba’) ou pourpres (‘Atropurpurea’) existent.
Cette floraison précoce fait de la petite pervenche une source de nectar précieuse pour les pollinisateurs qui émergent aux premiers beaux jours. Les fleurs, mesurant environ 2,5 cm de diamètre, se détachent avec élégance sur le fond vert sombre du feuillage, créant un effet visuel saisissant, particulièrement dans les zones ombragées où les couleurs ont tendance à manquer.
Plusieurs cultivars enrichissent la palette des possibilités :
- ‘Gertrude Jekyll’ aux fleurs d’un bleu plus intense
- ‘Variegata’ au feuillage panaché de blanc crème
- ‘Aureovariegata’ présentant des feuilles marginées de jaune doré
- ‘Ralph Shugert’ combinant fleurs bleues et feuilles bordées de blanc
Plantation et adaptabilité remarquable
La Vinca minor se distingue par sa grande adaptabilité. Elle tolère une large gamme de sols, bien qu’elle préfère les terrains frais, humifères et légèrement acides. Sa capacité à prospérer dans des conditions difficiles (ombre dense, concurrence racinaire des arbres, sols pauvres) en fait une solution privilégiée pour les zones problématiques du jardin.
Pour une installation optimale, plantez les pervenches au printemps ou en automne, en espaçant les pieds de 30 à 40 cm. Bien que leur croissance soit relativement lente la première année, elles formeront progressivement un tapis dense et homogène en 2 à 3 ans. Un paillage initial aidera à conserver l’humidité et à limiter la concurrence des adventices pendant cette phase d’établissement.
Une fois installée, la petite pervenche ne requiert pratiquement aucun soin. Elle résiste remarquablement aux maladies et aux ravageurs. Sa rusticité (-20°C) lui permet de supporter les hivers rigoureux sans protection particulière. Dans les régions aux étés très secs, un arrosage occasionnel favorisera un feuillage plus luxuriant, mais la plante survivra même à des périodes de sécheresse prolongée grâce à son système racinaire bien développé.
Le seul entretien éventuel consiste à contenir son expansion dans certaines zones, car la pervenche peut devenir légèrement envahissante avec le temps. Une simple taille des bordures à la bêche ou au coupe-bordure suffit généralement à la maintenir dans les limites souhaitées.
Le Pachysandra terminalis : l’option luxuriante pour zones ombragées
Dans la catégorie des couvre-sols d’exception pour les zones ombragées, le Pachysandra terminalis, communément appelé pachysandre ou buis japonais, mérite une attention particulière. Cette vivace rhizomateuse de la famille des Buxacées constitue une solution de premier choix pour végétaliser les sous-bois, les zones situées sous les conifères ou tout espace recevant peu de lumière directe.
Originaire des forêts d’Asie orientale (Japon, Corée, Chine), le pachysandre a développé une adaptation parfaite aux conditions d’ombre. Son feuillage persistant, composé de feuilles coriaces, dentées et verticillées au sommet des tiges, crée un tapis dense d’un vert profond et brillant qui évoque l’atmosphère sereine des sous-bois asiatiques. La hauteur modeste (15 à 30 cm) et la croissance par rhizomes permettent une couverture homogène du sol.
Caractéristiques distinctives et variétés
Le Pachysandra terminalis se distingue par son port architectural et son feuillage structuré. Au début du printemps (mars-avril), de petites fleurs blanches en épis apparaissent à l’extrémité des tiges. Bien que discrète, cette floraison apporte une touche de luminosité bienvenue dans les zones ombragées et dégage un parfum subtil.
Plusieurs cultivars enrichissent la palette des possibilités :
- ‘Variegata’ : feuillage panaché de blanc crème, particulièrement lumineux en zone d’ombre
- ‘Green Carpet’ : port plus compact et croissance plus dense que l’espèce type
- ‘Silver Edge’ : feuilles marginées d’argent créant un effet scintillant
La texture du feuillage, semblable à celle du cuir, confère au pachysandre une résistance exceptionnelle aux conditions difficiles, notamment à la sécheresse une fois la plante établie. Cette caractéristique s’avère particulièrement précieuse dans les situations de concurrence racinaire intense, comme sous les grands arbres où l’humidité du sol est souvent limitée.
Applications paysagères et mise en œuvre
Le Pachysandra excelle dans plusieurs situations paysagères :
En couvre-sol de sous-bois, il crée une toile de fond élégante qui met en valeur les bulbes printaniers comme les narcisses ou les scilles. Ces associations permettent de superposer les strates végétales et d’optimiser l’espace disponible.
Comme alternative au gazon dans les zones trop ombragées pour permettre la croissance de l’herbe, le pachysandre offre une solution durable et esthétique. Sa texture uniforme procure un effet apaisant, particulièrement appréciable dans les jardins contemporains où la simplicité des lignes est recherchée.
En plantation de transition entre différentes zones du jardin, cette plante crée une liaison visuelle harmonieuse. Sa capacité à prospérer aussi bien en conditions de mi-ombre que d’ombre profonde en fait un excellent choix pour les zones de gradient lumineux.
Pour une installation réussie, préparez soigneusement le sol en incorporant de la matière organique bien décomposée. Le pachysandre apprécie les sols légèrement acides à neutres, frais et riches en humus. La plantation s’effectue idéalement au printemps ou en début d’automne, en espaçant les plants de 25 à 30 cm. Un paillage généreux (5-7 cm) facilitera l’installation en conservant l’humidité et en limitant la concurrence des adventices.
Durant la première année, un arrosage régulier favorisera l’enracinement. Par la suite, le Pachysandra ne nécessitera pratiquement aucun soin, hormis un éventuel rafraîchissement par taille légère tous les 3-4 ans pour stimuler un nouveau feuillage plus dense. Sa croissance relativement lente (couverture complète en 2-3 ans) est compensée par sa longévité exceptionnelle – certaines plantations centenaires existent dans des jardins historiques.
Créer votre jardin sans tonte : conseils pratiques et astuces
Transformer un espace traditionnel en jardin sans entretien représente un projet passionnant qui nécessite une planification minutieuse. Pour réussir cette métamorphose et profiter pleinement des plantes couvre-sol, quelques principes fondamentaux méritent d’être considérés.
Préparation du terrain : la clé du succès
La réussite d’un jardin sans tonte commence par une préparation rigoureuse du sol. Si vous remplacez une pelouse existante, l’élimination complète du gazon et de ses racines constitue une étape incontournable. Plusieurs méthodes sont envisageables : le décapage manuel pour les petites surfaces, l’utilisation d’une motobineuse pour les zones plus étendues, ou la technique de l’occultation (recouvrir la zone de carton épais ou de bâches opaques pendant plusieurs mois) pour une approche sans produits chimiques.
Une fois le terrain dégagé, un amendement adapté au type de plantes choisies améliorera significativement leurs chances d’implantation. Pour les sedums et le thym serpolet, l’incorporation de sable ou de graviers fins favorisera le drainage, tandis que pour la pervenche et le pachysandre, un apport de compost ou de terreau forestier enrichira utilement le sol.
Conception et association des espèces
La création d’un jardin harmonieux sans gazon repose sur une réflexion approfondie concernant l’agencement des différentes plantes couvre-sol. Plutôt que de créer des zones monospécifiques, envisagez des associations réfléchies qui maximisent les atouts de chaque espèce :
- Les sedums et le thym serpolet peuvent cohabiter dans les zones ensoleillées, créant des contrastes de texture intéressants
- La pervenche et le pachysandre se complètent parfaitement dans les zones ombragées, la première apportant une touche de couleur au printemps tandis que le second offre une structure plus architecturale
- Des îlots de plantes vivaces à fleurs comme les géraniums vivaces ou les héllebores peuvent ponctuer ces tapis végétaux, créant des points focaux saisonniers
N’hésitez pas à intégrer des éléments minéraux (pas japonais, rocailles, galets décoratifs) qui structureront l’espace et faciliteront la circulation dans votre jardin sans tonte. Ces aménagements créent des zones de respiration visuelle et permettent d’apprécier pleinement les différentes textures végétales.
Techniques d’implantation et entretien initial
La densité de plantation joue un rôle déterminant dans la rapidité de couverture du sol. Si votre budget le permet, privilégiez un espacement réduit entre les plants pour obtenir un effet plus rapide. À titre indicatif, comptez environ 9 à 12 plants par mètre carré pour la plupart des couvre-sols mentionnés.
Durant la phase d’implantation, qui peut s’étendre sur 1 à 3 ans selon les espèces, quelques interventions spécifiques favoriseront l’établissement de vos plantes :
Un paillage généreux (écorces décomposées, paillis de coco, feuilles broyées) limitera l’apparition d’adventices et conservera l’humidité du sol. Choisissez un matériau dont l’aspect s’harmonise avec vos plantations.
Un désherbage manuel régulier les premières saisons évitera la concurrence pendant la phase critique d’installation. Une fois le couvert végétal bien établi, cette tâche deviendra pratiquement superflue.
Un arrosage modéré mais régulier durant les périodes sèches accélérera la croissance initiale. Installez si possible un système d’irrigation goutte-à-goutte programmable pour faciliter cette étape.
Bénéfices à long terme et témoignages inspirants
Michel D., jardinier amateur dans le Sud-Ouest, partage son expérience : « Après avoir remplacé 70% de mon gazon par diverses plantes couvre-sol il y a cinq ans, j’ai réduit mon temps d’entretien de 8 heures hebdomadaires à moins d’une heure. Ma consommation d’eau a diminué de moitié, et la biodiversité s’est considérablement enrichie. Les voisins qui doutaient initialement viennent maintenant prendre conseil! »
Au-delà du gain de temps et de la réduction des ressources (eau, carburant), les jardins sans tonte génèrent des bénéfices environnementaux substantiels. Une étude menée par l’Université de Reading a démontré que les espaces végétalisés avec des plantes couvre-sol diversifiées accueillent jusqu’à trois fois plus d’insectes pollinisateurs que les pelouses traditionnelles.
La dimension économique mérite d’être soulignée : si l’investissement initial peut sembler conséquent (comptez entre 15 et 30€ par mètre carré selon les espèces choisies), l’amortissement s’effectue généralement en moins de trois ans grâce aux économies réalisées sur l’entretien, l’eau et le carburant.
Enfin, l’aspect évolutif de ces jardins constitue une source de satisfaction constamment renouvelée. Contrairement aux pelouses qui conservent un aspect relativement statique, les couvre-sols transforment le jardin au fil des saisons, offrant des tableaux vivants qui s’enrichissent avec le temps.
Le futur du jardinage : vers des espaces verts durables et personnalisés
L’évolution des pratiques de jardinage reflète une prise de conscience croissante des enjeux environnementaux et une redéfinition de notre rapport au temps. Le jardin sans tonte s’inscrit parfaitement dans cette tendance de fond, proposant une approche plus respectueuse des écosystèmes tout en libérant les propriétaires des contraintes d’entretien chronophages.
Les plantes couvre-sol constituent bien plus qu’une simple alternative technique au gazon traditionnel. Elles représentent une philosophie différente du jardinage, privilégiant l’harmonie avec la nature plutôt que sa domestication systématique. Cette approche s’inscrit dans le mouvement plus large du jardinage écologique qui gagne du terrain à travers le monde.
Innovations et nouvelles tendances
La recherche horticole continue d’enrichir la palette des possibilités en matière de couvre-sols. De nouveaux cultivars plus résistants aux conditions extrêmes (sécheresse, froid intense) font régulièrement leur apparition sur le marché. Des espèces comme le Dymondia margaretae, originaire d’Afrique du Sud, offrent des solutions innovantes pour les régions méditerranéennes, combinant résistance exceptionnelle à la sécheresse et tolérance au piétinement léger.
L’approche biomimétique, qui s’inspire des associations végétales naturelles, transforme notre vision de l’aménagement paysager. Plutôt que de créer des plantations monospécifiques, les paysagistes contemporains privilégient désormais des communautés végétales complexes qui reproduisent la diversité et la résilience des écosystèmes naturels. Dans cette optique, les couvre-sols ne sont plus utilisés isolément mais intégrés dans des compositions multi-strates comprenant des bulbes, des vivaces, des graminées et parfois même des arbustes nains.
Les jardins de pluie, conçus pour gérer écologiquement les eaux pluviales, intègrent judicieusement diverses plantes couvre-sol adaptées aux conditions temporairement humides. Cette approche, qui se développe rapidement en réponse aux défis du changement climatique, combine gestion durable de l’eau et création d’espaces esthétiques à faible entretien.
Défis et solutions pratiques
La transition vers un jardin sans tonte peut se heurter à certaines résistances, tant pratiques que culturelles. Le modèle du « gazon parfait » reste profondément ancré dans l’imaginaire collectif, particulièrement dans les zones pavillonnaires où la conformité paysagère exerce une pression sociale non négligeable.
Pour faciliter cette évolution, plusieurs approches peuvent être envisagées :
La transition progressive permet d’expérimenter sur une portion limitée du jardin avant de s’engager dans une transformation complète. Cette méthode réduit les risques perçus et permet d’ajuster les choix végétaux en fonction des résultats observés.
L’intégration d’éléments structurants (bordures nettes, haies basses taillées, chemins bien définis) autour des zones de couvre-sols crée un cadre ordonné qui rassure l’œil habitué aux espaces plus formels. Cette technique, que les paysagistes nomment « cadre et tableau », permet d’introduire une apparente spontanéité végétale tout en maintenant une impression générale de maîtrise.
La communication avec le voisinage peut transformer une initiative individuelle en projet collectif inspirant. Des panneaux explicatifs discrets ou l’organisation de visites informelles contribuent à faire évoluer les mentalités en expliquant les bénéfices environnementaux et pratiques des alternatives au gazon.
Vers une nouvelle esthétique du jardin
L’adoption des plantes couvre-sol participe à l’émergence d’une nouvelle esthétique jardinière qui valorise la diversité, le mouvement et l’évolution saisonnière. Contrairement à la pelouse qui impose une uniformité statique, ces plantations alternatives offrent un spectacle constamment renouvelé : émergence des premières pousses au printemps, floraisons successives, variations chromatiques automnales, structures hivernales…
Cette dimension temporelle enrichit considérablement l’expérience du jardin, transformant l’espace extérieur en un théâtre vivant qui invite à l’observation et à la contemplation. Les photographes de jardin et les artistes botaniques trouvent dans ces compositions végétales une source inépuisable d’inspiration, contribuant à faire évoluer notre perception collective de ce qui constitue un « beau jardin ».
Les concepteurs paysagistes intègrent désormais systématiquement les couvre-sols dans leurs créations, non plus comme simple solution technique mais comme élément à part entière du projet esthétique. Des figures influentes comme Piet Oudolf aux Pays-Bas ou James Hitchmough au Royaume-Uni ont révolutionné l’approche des plantations en créant des communautés végétales où les couvre-sols dialoguent avec des plantes plus hautes dans des compositions d’une grande sophistication visuelle.
En définitive, le jardin sans tonte représente bien plus qu’une simple adaptation pratique à des contraintes de temps ou de ressources. Il incarne une nouvelle relation au vivant, plus respectueuse et plus attentive aux dynamiques naturelles. En renonçant au contrôle permanent qu’impose la pelouse traditionnelle, le jardinier accède à une forme de partenariat avec la nature qui transforme profondément son expérience de l’espace extérieur.
